Visite de la cathédrale de Chartres

La cathédrale de Chartres fait partie des tout premiers monuments français qui ont été inscrits au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 1979. Construite en seulement quelques dizaines d'années au 13e siècle, elle est visible à des kilomètres à la ronde car elle est édifiée sur une hauteur dominant l'Eure.

En raison de plusieurs incendies, elle a toujours été reconstruite, mais, c'est à la suite de celui de juin 1194, qui détruisit presque entièrement l'édifice roman, que la cathédrale gothique, qu'on peut admirer aujourd'hui, a été bâtie en à peine 26 ans, d'où l'homogénéité de son architecture et de ses ornementations.

Avec plus de 170 représentations de Marie, la cathédrale est entièrement dédiée au culte de la Vierge d'où l'absence de tombeaux à l'intérieur et de crucifix. C'est ainsi qu'on y trouve la très précieuse relique du Voile de la Vierge dont la tradition raconte qu'il s'agit de la tunique portée par Marie lors de l'Annonciation et de la naissance du Christ. Elle a été donnée par l'impératrice byzantine Irène à Charlemagne et c'est son petit-fils, le roi Charles le Chauve, qui en fit don en 876 à la cathédrale de Chartres qui va, peu à peu, devenir un haut-lieu du pèlerinage chrétien en Occident. A voir aussi les statues vénérées que sont la Vierge du Pilier sculptée dans du bois de poirier en 1497 et la vierge romane en bois de noyer de Notre-Dame de Sous-Terre qui est une copie de celle qui a été brûlée par les révolutionnaires en 1793. 

La Vierge du Pilier

Pour la petite histoire, sachez qu'Henri IV est le seul roi de France à y avoir été couronné (c'était pour se faire pardonner d'avoir assiégé la ville durant les guerres de religion) et qu'un incendie survenu en juin 1836 détruisit entièrement la charpente en bois (comme à Notre-Dame de Paris) qui était en réparation et qu'elle fut remplacée par une structure en fonte de fer (incombustible) surmontée d'une toiture en cuivre.

Quelques chiffres :

130 mètres de long, 37,5 mètres de hauteur sous voûte et un transept long de 64 mètres. 
9 portails sculptés. 
3 500 statues et sculptures.
En France, c'est dans la cathédrale de Chartres qu'on trouve la plus vaste crypte romane, le plus long transept et le plus vaste chœur (650 m²)

La façade occidentale : 

Edifiée après l'incendie de la cathédrale survenue en 1134, elle est majoritairement de style roman avec son portail royal, ses 3 verrières, ses deux tours et la flèche sud. Ayant été épargnée lors du nouvel incendie qui éclata en 1194, il fut décidé de la conserver. 

• le clocher vieux (ou flèche sud) s'élève à 103 mètres de haut ce qui était un véritable record de hauteur à cette époque. Il a été construit entre 1145 et 1164.
• le clocher neuf (ou flèche nord) : de style gothique et d'une hauteur de 110 m, il a été rajouté au sommet de la tour romane entre 1506 et 1513, après un incendie. Son architecte est Jehan de Beauce. 
• le portail royal aurait été sculpté entre 1145 et 1155 et il est constitué de 3 ouvertures :
  - au centre, le tympan représente le Christ en majesté vainqueur de la mort et, sur les voussures, on peut voir les 24 vieillards de l'Apocalypse avec leur instruments de musique pour chanter les louanges de Dieu.
  - à gauche, le tympan représente l'Ascension et, sur les voussures, on peut voir les représentations des 12 mois de l'année accompagnés des signes du zodiaque.
  - à droite, le tympan représente la Vierge en majesté et, sur les voussures, on peut voir des allégories en rapport avec l'enseignement diffusé à cette époque.
• la rose de l’Apocalypse (1195-1200) : elle correspond à l’exaucement des voûtes de la nouvelle cathédrale gothique et il s'agit d'une des premières roses réalisées à cette période; son diamètre est de 12,18 m. Elle représente le jugement dernier.
• la galerie des rois a été rajoutée à la fin du 13e siècle.

Porte centrale, statues-colonnes dans l'ébrasement de droite qui représentent, de droite à gauche, Salomon, la reine de Saba et David.

Porte de droite, statues-colonnes dans l'ébrasement de droite qui représentent, de droite à gauche, une reine, un roi et Saint-Mathieu

​Au-dessus-des statues-colonnes aux magnifiques drapés, il y a des chapiteaux remarquables qui illustrent des scènes de l’Évangile.

- Le portail nord (portail de l'Alliance) :

Edifié entre 1198 et 1215, il est formé de 3 ouvertures où sont représentées des scènes de l'Ancien Testament et de la vie de la Vierge Marie.  

Portail nord de la cathédrale de Chartres

De gauche à droite, Aaron ou Melchisédech, Abraham et son fils, Moïse, Samuel et David.
Abraham, qui tient son fils pour le sacrifier, regarde l'ange qui va retenir son bras portant le poignard.

Statues représentant un roi et une reine d'Israël

- Le portail sud :

Edifié entre 1210 et 1225, il évoque le jugement dernier. 

Quand on pénètre à l'intérieur de la cathédrale, sa rénovation permet de la découvrir telle que le pèlerin du 13e siècle la voyait. Car, sur les murs, 70 % de l'enduit de couleur ocre jaune avec les faux joints blancs, est d'époque, tout comme le dallage et la très grande majorité des vitraux (80 %) ....

Le labyrinthe : 

Accessible de 10h00 à 16h45 tous les vendredis de février (1er jour de carême) jusqu'à la Toussaint sauf le Vendredi Saint, c'est le plus ancien en France (13e siècle). 

Long de 261,55 mètres et d'un diamètre de 12,89 m, c'est un chemin de méditation parcouru par les pèlerins pour aller à la rencontre de Dieu qui est au centre. On peut aussi le comparer à l'existence humaine avec toutes ses difficultés, symbolisées par ses courbes et contre courbes, que la foi en Dieu permet de surmonter. 

Au Moyen-Age, il fait aussi référence à la mythologie grecque. Dédale avait construit un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure - mi-homme, mi taureau - auquel on sacrifiait de jeunes Athéniens. Thésée décida de se porter volontaire pour y mettre fin. Il parvint à trouver et tuer le Minotaure et c'est grâce au fil d'Ariane qu'il avait déroulé pour ne pas se perdre dans le labyrinthe qu'il put en ressortir. Transposée dans la religion chrétienne, Thésée devient le Christ qui va combattre et sortir victorieux du Minotaure qui n'est autre que Satan.

La clôture du chœur : 

De style gothique finissant (pinacles) et Renaissance, elle permettait de séparer le lieu où se déroulent les offices religieux du déambulatoire fréquenté par les pèlerins. Sculptée dans le calcaire, d'une longueur de 100 mètres et rythmée par une quarantaine de scènes illustrant la vie de la Vierge et du Christ, sa réalisation a duré 2 siècles (16e-18e). C'est Jehan de Beauce qui, entre 1514 et 1529, en conçut la plus grande partie. Il n'a jamais été peint pour respecter la virginité de la Vierge.

Les vitraux :

Couvrant une surface de 2 600 m², 176 vitraux permettent d'éclairer l'intérieur de la cathédrale tout en mettant en image plus de 5 000 personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament, des Saints mais aussi des donateurs. 

C'est aussi le plus vaste ensemble de vitraux médiévaux conservés dans le monde puisque la grande majorité date du 13e siècle, entre 1200 et 1220. Cependant, les trois verrières de la façade occidentale sont encore plus anciennes (1145-1155) puisqu'elles sont romanes, ce qui en fait des pièces exceptionnelles car il en reste très peu en France. 

Dans la cathédrale, un autre vitrail roman est encore visible et c'est d'ailleurs le plus connu. C'est celui de Notre-Dame de la Belle Verrière (1180) en raison du bleu de Chartres, cette fameuse couleur unique qui a été obtenue en mélangeant du sable sodique et du cobalt. Il a été même été surnommé "la Joconde du vitrail". Il représente la Vierge à l'Enfant entourée d'anges et de l'Esprit Saint. En fait, il faut savoir que la partie figurant Marie a été remontée dans un vitrail du 13e siècle d'où un contraste dans la couleur des bleus car l'utilisation du manganèse, plus économique, se substitua à celle du coûteux cobalt importé de Russie dans l'art des maîtres verriers de l'époque.
Le bleu est devenu le symbole de la couleur divine en occident alors qu'il s'agissait de l'or chez les Byzantins. 

Vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière

Dans les bas-côtés et le déambulatoire, les verrières basses sont dites narratives avec leurs médaillons qui racontent une histoire car on peut s'en approcher, à la différence des verrières hautes de la nef, du transept et du choeur. C'est pour cela que ces dernières ne représentent que des personnages. 

Rosace nord de la Vierge à l'Enfant
En-dessous, dans les lancettes, de gauche à droite, les prophètes Melchicédech, David, Salomon et Aaron encadrent Sainte-Anne

Rosace sud de l'Apocalypse
En-dessous, dans les lancettes, de gauche à droite, les prophètes Jérémie, Isaïe, Ezéchiel et Daniel, qui portent chacun un apôtre, encadrent la Vierge qui tient le Christ dans ses bras

La crypte romane :

C'est l'évêque Fulbert qui en est à l'origine. Elle a été construite entre 1110 et 1120 et c'est l'une des plus grandes cryptes au monde avec ses 250 mètres de corridor à parcourir. Elle a la forme d'un U avec ses deux galeries parallèles reliées par un déambulatoire bordé de 3 chapelles. Après l'incendie de 1194, la reconstruction de la cathédrale s’appuie sur la crypte dont les murs sont renforcés et quatre chapelles gothiques sont ajoutées dans le déambulatoire.  

Dans la galerie côté nord, on peut voir :
- la statue de Notre-Dame de Sous-Terre qui est vénérée depuis des siècles et à proximité de laquelle est entreposé un petit reliquaire contenant un morceau de la tunique de la Vierge.
- l'accès à une crypte encore plus ancienne, celle de Saint-Lubin qui date du 9e siècle.
- le puits des "Saint-Forts" dont la présence est attestée depuis le 1er siècle avant J.-C. ou après J.-C. ce qui veut dire que, depuis très longtemps, le site sur lequel fut bâtie la première cathédrale était déjà sacré. 

C'est dans la galerie Saint-Jean qui se trouve côté sud, que se trouve le baptistère qui date du 12e siècle.

Statue de Notre Dame sous Terre (reproduction datant de 1976 car l'original du 14e siècle a été détruit en 1793 lors de la Révolution). A noter qu'elle a les yeux fermés.

A la base du pilier de la crypte de Saint-Lubin, on peut voir le sol du 1er édifice chrétien et, au-dessus, les vestiges d'un mur qui faisait partie de l'enceinte gallo-romaine

La visite guidée des grands combles de la cathédrale :

L'accès est payant et il faut monter un escalier en colimaçon de près de 300 marches dans le transept nord. Arrivé au sommet, vous dominez la ville de Chartres et ses alentours d'une hauteur de 50 m environ. Puis, accompagné du guide vous cheminez le long de la toiture, au-dessus des arcs boutants, pour se rendre au pied de la flèche de la tour nord et découvrir la fameuse charpente métallique de la cathédrale achevée en 1841. Lors de la descente qui se fait en empruntant l'escalier de la tour nord, vous pourrez observer des dizaines de marques de tâcheron sur les pierres.

A savoir : la cathédrale, dans la représentation qu'on s'en faisait au Moyen Age, devait être la représentation sur terre de la "Jérusalem céleste" décrite dans l'Apocalypse de Saint-Jean au chapitre 21.  

Pour plus d'informations sur la cathédrale, cliquez ici

Des visites guidées gratuites de la cathédrale sont organisées tous les jours de 15h00 à 16h30.

Le centre des Monuments Nationaux gère l'accès au grand comble en passant par la tour nord. Certains jours, il propose aussi d'autres visites guidées : tour de choeur, les vitraux, les sculptures ainsi que la découverte de la cathédrale.

Pour plus d'informations sur les visites guidées du centre des monuments nationaux, cliquez ici

Bonne visite

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